En bref
Une étude révèle que le sommeil lent profond agit comme un facteur de réserve cognitive, capable de protéger la mémoire même en présence de lésions cérébrales liées à la maladie d’Alzheimer. Mieux dormir pourrait donc être un levier puissant de longévité cérébrale.
Et si le sommeil était bien plus que du repos ?
Quand j’ai lu cette étude, j’ai ressenti à la fois de la surprise… et une forme de soulagement. Parce qu’on cherche souvent loin des solutions qui sont, peut-être, déjà là : bien dormir, profondément, naturellement.
Et si notre cerveau, même abîmé par le temps ou la maladie, pouvait encore se défendre — à condition de dormir comme il faut ?
Ce que dit l’étude
Le contexte
Certaines personnes âgées présentent une forte accumulation de bêta-amyloïde, une protéine associée à Alzheimer… sans pourtant souffrir de troubles cognitifs. D’autres, avec le même niveau de lésions, présentent de forts troubles de la mémoire.
Ce mystère est au cœur de la notion de réserve cognitive : une forme de résilience biologique qui permet de compenser les effets visibles de la maladie.
L’hypothèse des chercheurs
Le sommeil lent profond (NREM SWA), mesuré par électroencéphalogramme, pourrait jouer un rôle central dans cette protection.
L’équipe a donc combiné trois mesures chez 62 adultes âgés cognitivement normaux :
- Scanners cérébraux pour mesurer la charge en bêta-amyloïde,
- Enregistrement du sommeil NREM,
- Test de mémoire impliquant l’hippocampe.
Résultat principal
Les participants avec une forte charge amyloïde, mais une bonne qualité de sommeil profond, gardaient une mémoire nettement meilleure.
Ceux avec peu d’amyloïde ne tiraient pas de bénéfice particulier du sommeil sur la mémoire (puisqu’ils n’en avaient pas “besoin”).
Le sommeil profond agit donc comme un véritable bouclier, uniquement quand le cerveau est en danger.
Et surtout, cet effet reste valable même après avoir pris en compte l’âge, le sexe, le niveau d’étude ou d’activité physique. Le sommeil semble donc bien être un facteur de réserve cognitive à part entière.
Pourquoi c’est une nouvelle capitale pour votre santé
Contrairement à d’autres facteurs de protection (niveau d’éducation, métier, etc.), le sommeil est modifiable. Il peut être :
- amélioré naturellement (routines, rythme, hygiène du sommeil),
- renforcé cliniquement (thérapies comportementales, soins de santé),
- préservé dès aujourd’hui pour récolter les fruits demain.
Vous avez donc un pouvoir d’action.
En améliorant la qualité de votre sommeil lent profond, vous investissez directement dans votre avenir cognitif.
Une conclusion pleine d’espoir
Je trouve cette étude profondément rassurante. Elle montre que notre cerveau est capable de résilience, même face à une pathologie aussi redoutée qu’Alzheimer.
Et surtout, elle nous rappelle que ce que nous faisons aujourd’hui compte : s’endormir à heure fixe, éviter les écrans tard, mieux gérer le stress…
Ce sont des gestes simples, accessibles, mais qui, répétés chaque jour, peuvent changer le cours de notre vieillissement.
Dormir n’est plus une fuite. C’est une force. Une stratégie. Une promesse de longévité.
Source
Zavecz, Z., Shah, V. D., Murillo, O. G., Vallat, R., Mander, B. A., Winer, J. R., Jagust, W. J., & Walker, M. P. (2023). NREM sleep as a novel protective cognitive reserve factor in the face of Alzheimer’s disease pathology. BMC Medicine, 21, 156. https://bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12916-023-02811-z