En bref
Une vaste étude américaine révèle que les personnes non mariées – qu’elles soient divorcées, veuves ou jamais mariées – présentent un risque plus faible de démence que leurs homologues mariés. Ce résultat, contre-intuitif, remet en question la croyance selon laquelle le mariage protège la santé cognitive.
Ce que montre cette étude sur le lien entre statut marital et démence
Une cohorte impressionnante
Les chercheurs ont analysé les données de 24 107 adultes âgés en moyenne de 71 ans, suivis pendant jusqu’à 18 ansdans le cadre du National Alzheimer’s Coordinating Center aux États-Unis.
Les résultats clés
- Comparés aux personnes mariées, les veufs avaient un risque de démence réduit de 27 %, les divorcés de 34 %, et les célibataires de toujours de 40 %.
- Ce lien reste significatif même après ajustement pour les facteurs démographiques, génétiques (APOE), cliniques, comportementaux et socio-économiques.
- Le risque de développer la maladie d’Alzheimer ou la démence à corps de Lewy était également plus faible chez les non-mariés.
- Les personnes non mariées étaient aussi moins susceptibles de voir leur trouble cognitif léger évoluer vers une démence.
Comment expliquer ces résultats inattendus ?
Les auteurs évoquent plusieurs hypothèses :
- Un biais de détection possible : les personnes mariées pourraient être diagnostiquées plus tôt, car leur conjoint remarque les premiers signes.
- Une pression relationnelle sous-estimée : le mariage n’est pas toujours une source de bien-être. Le stress chronique, les conflits, ou les déséquilibres émotionnels pourraient au contraire peser sur la santé cognitive.
- L’autonomie comme facteur protecteur : certaines personnes non mariées maintiennent une vie sociale riche, une activité mentale soutenue, et un style de vie plus libre, contribuant à leur résilience cognitive.
Ce que cela change pour vous
Cette étude remet en cause une idée reçue : le mariage n’est pas en soi une garantie de protection contre la démence.
Ce qui protège vraiment, ce ne sont pas nos statuts, mais :
- La qualité de nos relations, qu’elles soient conjugales, amicales ou communautaires
- Notre activité mentale et sociale régulière
- Notre capacité à nous adapter, à rester autonomes et connectés
- Le respect de nos besoins émotionnels profonds
Une conclusion humaine et libératrice
Vieillir en bonne santé mentale ne dépend pas de votre état civil, mais de la manière dont vous vivez votre vie.
Ce que cette étude nous dit, c’est qu’il n’y a pas un modèle unique du bien vieillir.
Elle nous rappelle que l’équilibre, la paix intérieure, et la liberté choisie peuvent être aussi puissants que le soutien conjugal.
Et surtout, qu’il n’est jamais trop tard pour cultiver des liens, de la curiosité, et une forme d’indépendance qui préserve notre esprit… même très longtemps après le début de la vieillesse.
Source
Karakose, S., Luchetti, M., Stephan, Y., Sutin, A. R., & Terracciano, A. (2025). Marital status and risk of dementia over 18 years: Surprising findings from the National Alzheimer’s Coordinating Center. Alzheimer’s & Dementia, 21(3), e70072. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC11923573/