Expositions répétées aux rayons X : un risque accru de cancer à long terme

Une femme assise à l’entrée d’un scanner médical, évoquant les risques potentiels de cancer liés à une exposition répétée aux rayons X

En bref

Une étude publiée en 2025 dans JAMA Internal Medicine estime que des dizaines de milliers de cas de cancer pourraient être attribués aux expositions cumulées aux rayonnements ionisants des CT scans (ou tomodensitométries) aux États-Unis. Ces résultats ne doivent pas conduire à rejeter l’imagerie médicale, mais appellent à une réflexion plus fine sur son utilisation : toujours peser les bénéfices face aux risques, et limiter les examens non essentiels.


Introduction : Et si, à vouloir tout voir, on finissait par se nuire ?

L’imagerie médicale fait partie de ces miracles de la médecine moderne : voir à l’intérieur du corps, anticiper des pathologies, intervenir plus tôt. Mais comme tout outil puissant, elle n’est pas sans contrepartie. Et c’est précisément ce que met en lumière cette étude : l’accumulation d’examens d’imagerie, en particulier les CT scans, pourrait laisser une trace invisible mais durable dans notre santé.

Cette réflexion m’est venue après un scanner de contrôle. Je me suis demandé : est-ce que cet examen est indispensable ? Et si, à force de vouloir me rassurer, je m’exposais à autre chose, de plus insidieux ? L’étude de Smith-Bindman et al. m’a apporté des réponses… mais aussi des clés d’action.


L’étude : comprendre les risques des rayonnements ionisants

Publiée en avril 2025 dans JAMA Internal Medicine, l’étude s’appuie sur des données de plus de 88 millions d’examens réalisés chaque année aux États-Unis, en particulier des CT scans — très utilisés pour visualiser les organes internes.

Ce qu’il faut retenir :

  • Le rayonnement des CT scans est 100 à 500 fois plus élevé que celui d’une simple radiographie.
  • L’étude modélise les risques de cancers liés à une exposition cumulative aux rayonnements ionisants, sur la base de données épidémiologiques et dosimétriques.
  • Elle estime que près de 80 000 cas de cancer par an pourraient être liés à l’usage actuel des CT scans rien qu’aux États-Unis.

Qui est le plus concerné ?

  • Les personnes souffrant de maladies chroniques (cancer, maladies inflammatoires, pathologies pulmonaires) qui passent plusieurs examens par an.
  • Les personnes jeunes, car elles ont plus de temps pour que les effets des rayonnements s’accumulent.
  • Et de manière générale, toute personne recevant des CT scans fréquents sur plusieurs années.

Le rapport bénéfice/risque : tout est une question de mesure

Il ne s’agit pas de diaboliser les examens d’imagerie. En situation d’urgence ou face à une pathologie grave, un CT scan peut littéralement sauver une vie. Mais ce qui pose problème, ce sont les examens répétés, parfois prescrits par automatisme ou pour se rassurer — sans bénéfice clinique démontré.

Quand les bénéfices l’emportent :

  • Suspicion d’hémorragie interne, embolie pulmonaire, tumeur…
  • Suivi de certains cancers ou infections profondes.
  • Bilan pré-chirurgical ou post-traumatique.

Quand les risques peuvent dépasser les bénéfices :

  • Bilan de contrôle systématique sans symptômes.
  • Douleurs bénignes ou transitoires.
  • Recherches “de confort” chez des patients peu à risque, surtout jeunes.

Que peut-on faire en tant que patient ?

Voici quelques réflexes simples, pour vous ou vos proches :

1. Poser la question essentielle : 

« Est-ce que ce scanner est vraiment nécessaire ? »

Un professionnel de santé bienveillant ne s’offusquera jamais de cette question. Elle ouvre un dialogue.

2. Demander si une 

alternative moins irradiée

 est possible

IRM (imagerie par résonance magnétique) ou échographie sont parfois suffisantes — et sans rayonnement.

3. 

Éviter les examens répétés

 à courte échéance

En cas de suivi, vérifier si l’examen est vraiment informatif à ce stade. Demandez : “Qu’est-ce que ça changera à ma prise en charge ?”

4. 

Conserver une trace de vos examens

Cela évite les doublons inutiles et vous aide à discuter des risques cumulés avec votre médecin.


Conclusion : Regarder à l’intérieur, sans se faire du mal de l’extérieur

Cette étude nous rappelle une vérité fondamentale : la médecine préventive ne doit jamais devenir intrusive au point de générer de nouveaux risques. L’imagerie médicale est un outil extraordinaire, mais comme tout outil puissant, elle demande de la nuance, du discernement, de la sagesse.

Prendre soin de sa santé, ce n’est pas accumuler des examens — c’est poser les bonnes questions, faire des choix éclairés, et cultiver la confiance dans son corps… et dans la relation médecin-patient.


Source

Smith-Bindman, R., et al. (2025). Projected Lifetime Cancer Risks From Current Computed Tomography Scan Use in the United States. JAMA Internal Medicine. https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2832778

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