Autisme : une mutation génétique comme cause possible ?

Dessin au fusain minimaliste représentant un cerveau stylisé traversé par des filaments évoquant l’ARN, illustrant les altérations d’épissage génétique liant la dystrophie myotonique de type 1 aux traits autistiques

En bref

Une étude récente identifie un mécanisme moléculaire expliquant la comorbidité entre la dystrophie myotonique de type 1 (DM1) et les troubles du spectre autistique (TSA), mettant en lumière le rôle des protéines MBNL et de l’épissage alternatif des gènes liés à l’autisme.


Quand une maladie musculaire éclaire les mystères de l’autisme

La dystrophie myotonique de type 1 (DM1) est une maladie neuromusculaire héréditaire connue pour ses effets sur les muscles. Cependant, des observations cliniques ont révélé une prévalence accrue de traits autistiques chez les personnes atteintes de DM1. Cette co-occurrence intrigante a conduit les chercheurs à explorer les liens moléculaires entre ces deux conditions, aboutissant à des découvertes fascinantes sur le développement cérébral et les mécanismes génétiques sous-jacents. 


L’étude : Dystrophie myotonique de type 1 et traits autistiques

Publiée en avril 2025 dans Nature Neuroscience, cette étude internationale a examiné les mécanismes moléculaires reliant la DM1 aux traits autistiques.

Méthodologie

Les chercheurs ont utilisé des modèles murins de DM1 et des analyses génétiques pour étudier l’impact de la mutation CTG dans le gène DMPK, responsable de la DM1. Ils se sont concentrés sur la façon dont cette mutation affecte l’épissage alternatif des ARN messagers, un processus crucial pour la production de protéines fonctionnelles. 

Résultats clés

  • Séquestration des protéines MBNL : La mutation CTG entraîne la formation d’ARN anormaux qui piègent les protéines MBNL, perturbant l’épissage normal des gènes. 
  • Altération de l’épissage des gènes liés à l’autisme : Cette perturbation affecte particulièrement les microexons, des segments d’ARN essentiels au développement neuronal, altérant l’expression de gènes associés aux TSA.
  • Comportements autistiques chez les modèles murins : Les souris présentant cette mutation ont montré des comportements similaires à ceux observés dans les TSA, tels que des interactions sociales réduites et des réponses altérées à la nouveauté.

Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude

Bien que cette étude soit principalement fondamentale, elle souligne l’importance de la recherche génétique et de la compréhension des mécanismes moléculaires dans le développement de thérapies ciblées. Voici quelques implications pratiques :

  1. Dépistage génétique : Pour les familles avec antécédents de DM1 ou de TSA, un dépistage génétique peut aider à évaluer les risques et à planifier une prise en charge adaptée.
  2. Suivi multidisciplinaire : Les patients atteints de DM1 devraient bénéficier d’une évaluation neuropsychologique régulière pour détecter précocement d’éventuels troubles du développement.
  3. Soutien à la recherche : Encourager et soutenir la recherche sur les mécanismes génétiques des maladies neurodéveloppementales peut conduire à des avancées thérapeutiques significatives.

Vers une meilleure compréhension des troubles neurodéveloppementaux

Cette étude révèle un lien moléculaire entre la DM1 et les TSA, offrant de nouvelles perspectives sur les mécanismes génétiques des troubles neurodéveloppementaux. En approfondissant notre compréhension de ces processus, nous ouvrons la voie à des diagnostics plus précis et à des traitements innovants, améliorant ainsi la qualité de vie des personnes concernées.


Source

Sznajder, Ł. J., Khan, M., Ciesiołka, A., et al. (2025). Autism-related traits in myotonic dystrophy type 1 model mice are due to MBNL sequestration and RNA mis-splicing of autism-risk genes. Nature Neuroscience. https://doi.org/10.1038/s41593-025-01943-0

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