Régime pro-inflammatoire et cancer du côlon

Dessin au fusain représentant un brocoli et un hamburger côte à côte, symbolisant le contraste entre alimentation anti-inflammatoire et pro-inflammatoire dans la prévention du cancer du côlon

En bref

Une étude menée auprès de 1 625 patients atteints d’un cancer du côlon de stade III montre qu’un régime alimentaire pro-inflammatoire est associé à une survie globale significativement réduite. Les patients ayant une alimentation plus saine et une activité physique régulière présentaient jusqu’à 63 % de risque en moins de mortalité.


Introduction

Lorsque l’on traverse un cancer, on pense chimiothérapie, chirurgie, traitements lourds. Mais une arme silencieuse accompagne chaque jour notre combat : ce que nous mangeons. Une étude majeure vient de démontrer que l’alimentation pro-inflammatoire aggrave le pronostic vital chez les patients atteints de cancer du côlon. À l’inverse, une alimentation apaisant l’inflammation et un peu d’activité physique peuvent tout changer. Parce qu’au cœur du vivant, l’inflammation est un feu que nous pouvons choisir d’éteindre.


L’étude

Objectif de l’étude

L’étude, intégrée à l’essai clinique CALGB/SWOG 80702, visait à évaluer l’impact du régime alimentaire sur la surviede patients atteints de cancer du côlon de stade III ayant déjà subi une chirurgie curative et un traitement adjuvant.

Le score EDIP : mesurer l’inflammation dans l’assiette

Le EDIP (Empirical Dietary Inflammatory Pattern) est un score validé qui permet d’évaluer le potentiel inflammatoire d’un régime alimentaire. Il est calculé à partir de questionnaires nutritionnels standardisés renseignés à deux moments : quelques semaines après le diagnostic, puis 14 à 16 mois plus tard.

Résultats majeurs

  • Les 20 % de patients ayant le régime le plus inflammatoire (quintile EDIP le plus élevé) présentaient une survie globale réduite de près de 90 % par rapport aux 20 % avec le régime le moins inflammatoire (HR 1,87 ; IC 95 % : 1,26–2,77 ; p pour la tendance = 0,01).
  • Pas d’effet significatif sur la survie sans récidive, mais une tendance négative était observée.
  • L’activité physique amplifie l’effet protecteur : les patients avec un EDIP faible + une activité physique ≥ 9 MET-h/semaine avaient le meilleur pronostic global (HR 0,37), comparé à ceux avec un régime inflammatoire et une faible activité.
  • Les résultats étaient cohérents, quel que soit le traitement (aspirine, célécoxib, ou placebo).

Que pouvons-nous faire pour notre santé selon cette étude ?

Éviter les régimes pro-inflammatoires : limiter les aliments industriels, riches en sucres ajoutés, graisses saturées et viande transformée. Privilégier les aliments riches en fibres, légumes colorés, fruits, légumineuses, oméga‑3.

Pratiquer une activité physique régulière : marcher 30 minutes par jour, jardiner, danser, faire du vélo. L’étude montre qu’même une activité modérée mais constante peut changer le cours de la maladie.

Demander un accompagnement nutritionnel personnalisé : les patients suivis pour un cancer devraient bénéficier d’un soutien diététique, tout comme ils bénéficient d’un suivi oncologique. L’alimentation ne guérit pas à elle seule, mais elle peut renforcer chaque traitement.

Penser long terme, même après la fin des traitements : les effets du régime EDIP ont été mesurés sur plus d’un an après le diagnostic. Cela souligne l’importance de maintenir une alimentation saine au-delà de la phase aiguë de la maladie.


Conclusion

Cette étude apporte une preuve forte : notre alimentation influence directement nos chances de survie face au cancer. Et ce pouvoir, nous l’avons entre nos mains, dans notre quotidien. Une alimentation anti-inflammatoire et une activité physique modérée ne sont pas des compléments accessoires, mais des piliers thérapeutiques. Parce que prolonger la vie, ce n’est pas seulement allonger les jours, c’est aussi retrouver le pouvoir de les nourrir autrement.


Source

Char, S. K., Shi, Q., Zemla, T., Ma, C., Cheng, E., Kumthekar, P., … Ng, K. (2024). Association between empirical dietary inflammatory pattern (EDIP) and survival in patients with stage III colon cancer: Findings from CALGB/SWOG 80702 (Alliance). Abstract #LBA3509, ASCO Annual Meeting. https://meetings.asco.org/abstracts-presentations/244419

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