Êtes-vous du matin ou du soir ? Votre chronotype pourrait influencer votre mémoire et votre longévité cérébrale

Dessin au fusain représentant une silhouette humaine endormie sous une horloge, symbolisant le lien entre chronotype, sommeil et santé cérébrale

En bref

Une étude menée sur plus de 23 000 personnes révèle que les chronotypes du soir — ceux qui se couchent et se lèvent plus tard — présentent un plus grand risque de déclin cognitif sur 10 ans. Ce lien s’expliquerait en partie par une moins bonne qualité de sommeil, une consommation plus élevée d’alcool, une activité physique réduite et davantage de tabagisme.


Introduction

Et si l’heure à laquelle vous aimez vous lever en disait long sur votre avenir cognitif ?

Dans une société qui valorise souvent la productivité matinale, les “couche-tard” sont parfois stigmatisés. Mais au-delà des jugements, notre chronotype — cette préférence naturelle pour le matin ou le soir — pourrait avoir un impact profond sur notre cerveau à long terme.

Une équipe de chercheurs néerlandais a analysé les données de près de 24 000 adultes suivis pendant une décennie. Leur objectif : comprendre si le chronotype est un facteur de risque du déclin cognitif, un signe avant-coureur de la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles neurodégénératifs.


L’étude

Objectif de l’étude

L’étude a examiné si le chronotype influençait le déclin cognitif sur 10 ans, en explorant aussi le rôle intermédiaire joué par plusieurs comportements de santé : qualité du sommeil, consommation d’alcool, activité physique et tabagisme.

Méthodologie

  • Données issues de la cohorte Lifelines, comprenant 23 798 adultes âgés de 40 ans et plus.
  • Le chronotype a été mesuré à l’aide du Munich ChronoType Questionnaire, qui calcule le point médian du sommeil ajusté selon les jours de travail.
  • Le déclin cognitif a été mesuré par la différence de score au RFFT (Regensburger Wortflüssigkeitstest), un test évaluant la fluence verbale et les fonctions exécutives, entre le début et 10 ans plus tard.
  • L’analyse a utilisé des régressions linéaires et la méthode KHB pour tester les effets médiateurs.

Résultats principaux

  • Les individus avec un chronotype plus tardif ont montré un déclin cognitif plus marqué sur 10 ans.
  • Cette relation était plus forte chez les personnes ayant un faible niveau d’éducation, mais ne variait pas significativement selon l’âge ou le sexe.
  • Les comportements suivants médiatisent partiellement ce lien :
    • Moindre qualité du sommeil
    • Consommation plus élevée d’alcool
    • Moins d’activité physique
    • Tabagisme plus fréquent

Ces médiateurs expliquent une partie mais non la totalité du lien entre chronotype et cognition, suggérant un impact direct du rythme biologique lui-même.


Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude

Reconnaître son chronotype et l’adapter à ses besoins de santé

Plutôt que de lutter contre votre nature, comprenez-la : si vous êtes du soir, vous devez porter une attention particulière à la qualité de votre sommeil, votre hygiène de vie et vos routines.

Soigner son hygiène de sommeil

Un sommeil de mauvaise qualité, fréquent chez les couche-tard, est un facteur de déclin cognitif.

  • Essayez d’avoir des horaires de sommeil réguliers
  • Exposez-vous à la lumière du jour le matin
  • Réduisez les écrans et les stimulations le soir

Limiter les comportements délétères

Les chronotypes du soir consomment plus souvent de l’alcool, font moins d’exercice et fument davantage. Des choix modifiables qui peuvent avoir un impact majeur sur la santé cérébrale.

Surveiller sa cognition si l’on est à risque

Les personnes du soir, surtout si elles ont peu de diplômes ou un mode de vie déséquilibré, pourraient bénéficier d’un suivi cognitif régulier dès la quarantaine.


Conclusion

Cette étude de grande ampleur vient renforcer l’idée que notre horloge biologique influence bien plus que notre rythme de vie : elle pourrait façonner le vieillissement de notre cerveau.

Mais la bonne nouvelle, c’est que ce lien passe en partie par des comportements que nous pouvons changer.

En écoutant notre corps, en améliorant notre sommeil, en bougeant plus et en réduisant les risques évitables, nous pouvons préserver nos capacités mentales, même si nous ne sommes pas du matin.


Source

Wenzler, A. N., Liefbroer, A. C., Oude Voshaar, R. C., & Smidt, N. (2025). Chronotype as a potential risk factor for cognitive decline: The mediating role of sleep quality and health behaviours in a 10-year follow-up study. The Journal of Prevention of Alzheimer’s Disease. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S227458072500113X

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