En bref
Une méta-analyse rigoureuse publiée en 2025 dans Cell Reports Medicine révèle une distinction capitale : le sucre issu des boissons augmente nettement le risque de diabète de type 2, alors que le sucre alimentaire total (notamment le saccharose) n’est pas systématiquement associé à une hausse du risque. Le type de sucre et sa source comptent plus que jamais.
Introduction
On nous le répète depuis des années : « Le sucre est l’ennemi ». Mais est-ce vraiment le cas pour tous les types de sucre ? Et tous les modes de consommation ?
Cette nouvelle étude apporte des nuances essentielles. Ce n’est pas tant la quantité totale de sucre qui pose problème, mais sa forme et sa provenance.
L’analyse porte sur plus de 2 millions de personnes suivies dans des cohortes internationales, et vient éclairer avec précision le lien entre sucre et diabète. Résultat : les boissons sucrées ressortent comme les principaux coupables.
L’étude
Objectif de l’étude
Les chercheurs ont voulu clarifier la relation entre différents types de sucre alimentaire (total, ajouté, libre, saccharose, fructose) — ainsi que les boissons sucrées (sodas, jus de fruits…) — et le risque de développer un diabète de type 2 (DT2).
Méthodologie
- Méta-analyse dose-réponse de 29 études de cohortes prospectives.
- Plus de 2 millions de participants suivis.
- Analyse indépendante du sucre total, du saccharose, du fructose, des sucres ajoutés, des boissons sucrées (SSB) et des jus de fruits.
- Ajustement des résultats sur les facteurs de confusion (poids, âge, activité, autres aspects alimentaires…).
Résultats principaux
- Chaque portion quotidienne de boisson sucrée augmente le risque de diabète de type 2 de 25 %.
- Pour les jus de fruits, le risque augmente de 5 % par portion quotidienne.
- À l’inverse :
- Une consommation modérée de sucre total (20 g/jour) est associée à une légère réduction du risque (RR = 0,96).
- Le saccharose (20 g/j) est aussi modestement associé à un risque réduit (RR = 0,95).
- Fructose et sucres ajoutés ne montrent pas d’association claire avec le diabète dans les limites des données disponibles.
Interprétation
L’étude remet en question l’idée selon laquelle tout sucre est nuisible de manière égale. Ce n’est pas la molécule de sucre en elle-même, mais sa forme (liquide vs solide), son contexte de consommation, et probablement sa vitesse d’absorption qui influencent le métabolisme du glucose et l’insulino-résistance.
Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude
Réduire drastiquement les boissons sucrées
Sodas, thés glacés, boissons énergisantes ou jus industriels sont les grands responsables. Ils surchargent l’organisme en sucre absorbé trop rapidement, sans rassasier. En les réduisant ou en les remplaçant par de l’eau, du thé ou des infusions non sucrées, on agit concrètement contre le diabète.
Ne pas diaboliser tous les sucres alimentaires
Un carré de chocolat noir, un peu de miel dans un yaourt ou une part de gâteau occasionnelle n’ont pas le même effet que 50 cl de soda. La modération, le contexte, et le reste de l’alimentation comptent.
Favoriser une alimentation non ultra-transformée
Les sources naturelles de sucre dans un fruit entier, ou dans une recette maison avec fibres, lipides et protéines, ralentissent l’absorption et limitent le pic glycémique.
Conclusion
Le sucre n’est pas un poison. C’est son excès, sa forme liquide, et son isolement dans des produits industriels qui le rendent dangereux.
Grâce à cette méta-analyse d’envergure, nous comprenons mieux les nuances : réduire les boissons sucrées est une priorité absolue, bien plus que traquer chaque gramme de sucre dans une recette maison.
Il ne s’agit pas d’avoir peur, mais de faire des choix conscients, éclairés, et… mieux informés.
Source
Della Corte, K. A., Bosler, T., McClure, C., Buyken, A. E., LeCheminant, J. D., Schwingshackl, L., & Della Corte, D. (2025). Dietary sugar intake and incident type 2 diabetes risk: A systematic review and dose-response meta-analysis of prospective cohort studies. Cell Reports Medicine, 5(6), 101234. https://doi.org/10.1016/j.advnut.2025.100413