En bref
Une étude révèle que la dégradation du glycocalyx, une couche de sucres recouvrant les vaisseaux sanguins du cerveau, contribue à la perte d’étanchéité de la barrière hémato-encéphalique (BHE) chez les personnes âgées et dans les maladies neurodégénératives. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour protéger le cerveau et ralentir le vieillissement cognitif.
Introduction
Notre cerveau est protégé par une forteresse : la barrière hémato-encéphalique (BHE). Elle filtre ce qui entre dans le tissu cérébral, protégeant nos neurones des toxines, des pathogènes, et même de certaines hormones. Mais avec l’âge ou la maladie, cette barrière devient plus poreuse, plus vulnérable. Pourquoi ?
L’étude publiée en 2025 dans Nature apporte une réponse inédite : c’est la dégradation du glycocalyx, une couche de sucres fixés à la surface des cellules endothéliales cérébrales, qui fragilise la BHE et favorise l’inflammation, les saignements et les déficits cognitifs. Un tournant dans notre compréhension du vieillissement cérébral.
L’étude
Qu’est-ce que le glycocalyx ?
Le glycocalyx est une matrice complexe de glycoprotéines, glycolipides et protéoglycanes, qui tapisse la face interne des vaisseaux sanguins. C’est une sorte de gel protecteur qui joue un rôle clé dans la régulation des échanges entre le sang et les tissus. Dans le cerveau, il constitue la première ligne de défense de la BHE.
Objectif de l’étude
L’équipe de recherche souhaitait comprendre comment le vieillissement affecte le glycocalyx cérébral, et quelles conséquences cela a sur l’intégrité de la BHE et la santé neuronale.
Méthodologie
- Études réalisées chez la souris âgée et chez l’humain (analyses post-mortem).
- Cartographie fine de la composition du glycocalyx cérébral.
- Manipulation génétique ciblée de glycoprotéines spécifiques (notamment les mucines).
- Thérapie génique via virus adéno-associés (AAV) pour restaurer les O-glycanes de type mucine dans les cellules endothéliales cérébrales.
Résultats majeurs
- Le glycocalyx devient désorganisé et appauvri avec l’âge, en particulier les glycoprotéines à domaine mucine.
- Cette altération conduit à :
- Une perméabilité accrue de la BHE ;
- Des hémorragies cérébrales chez les modèles murins ;
- Une augmentation de l’inflammation et une altération cognitive.
- En restaurer une partie (les O-glycannes) par thérapie génique permet :
- De renforcer l’intégrité de la BHE ;
- De réduire l’inflammation ;
- D’améliorer les performances cognitives chez les souris âgées.
Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude
Bien qu’aucune thérapie directe ne soit encore disponible pour restaurer le glycocalyx cérébral chez l’humain, certains facteurs protecteurs du glycocalyx vasculaire en général sont identifiés :
- Éviter les pics glycémiques répétés (le glucose endommage le glycocalyx).
- Réduire les inflammations chroniques (alimentation anti-inflammatoire, activité physique régulière).
- Dormir suffisamment : le sommeil aide au nettoyage cérébral (via le système glymphatique).
Conclusion
Cette étude nous rappelle que le vieillissement n’est pas qu’une question de neurones fatigués, mais aussi de structures subtiles et discrètes qui veillent, jour et nuit, à notre équilibre intérieur.
En comprenant et en protégeant le glycocalyx, nous pourrions ralentir le déclin cognitif, prévenir les lésions cérébrales et offrir à notre cerveau une défense plus forte contre le temps.
Source
Shi, S. M., Suh, R. J., Shon, D. J., et al. (2025). Glycocalyx dysregulation impairs blood–brain barrier in ageing and disease. Nature. https://doi.org/10.1038/s41586-025-08589-9