En bref
Une étude norvégienne portant sur plus de 21 000 adultes montre que la consommation d’expresso est associée à une augmentation du taux de cholestérol total, en particulier chez les hommes. Ce lien varie selon le type de café et le sexe, soulignant que tous les cafés ne se valent pas en termes de santé cardiovasculaire.
Introduction
Le café est l’une des boissons les plus consommées au monde. Réconfort du matin, rituel social ou carburant de productivité, il accompagne notre quotidien. Mais derrière l’arôme intense de l’expresso se cache peut-être un impact plus discret : celui sur notre cholestérol sanguin.
Une équipe de chercheurs norvégiens a mené une vaste étude dans la région de Tromsø, interrogeant notre rapport au café à la lumière des données cliniques. Et leurs conclusions pourraient bien changer nos habitudes de consommation.
L’étude
Objectif de l’étude
Les chercheurs norvégiens ont voulu comprendre si tous les types de café avaient le même effet sur notre santé cardiovasculaire, en particulier sur le cholestérol total. L’étude s’intéresse aussi aux différences selon le sexe, le type de café, et la quantité consommée.
Méthodologie
L’analyse repose sur les données de la cohorte Tromsø 7, une étude de santé publique regroupant plus de 21 000 adultesâgés de 40 ans et plus. Chaque participant a indiqué :
- La quantité de café consommée quotidiennement ;
- Le type de café privilégié : expresso, filtre, piston (French press) ou instantané.
Les chercheurs ont ensuite comparé ces données aux mesures cliniques du cholestérol sanguin, en tenant compte d’autres variables comme l’âge, le poids, le tabagisme ou l’activité physique.
Résultats détaillés
1. Expresso : l’impact le plus net
- Hommes :
- Ceux buvant 3 à 5 expressos par jour ont en moyenne +0,09 mmol/L de cholestérol total comparés à ceux qui n’en boivent pas.
- Cette élévation reste significative même en ajustant pour les autres facteurs de risque.
- Femmes :
- L’effet est observé surtout chez les grandes consommatrices : ≥6 tasses par jour sont associées à +0,14 mmol/L de cholestérol.
Cela peut s’expliquer par le fait que l’expresso, non filtré, conserve des composés lipidiques appelés diterpènes (cafestol et kahweol), qui stimulent la production hépatique de cholestérol.
2. Café à piston (French press)
- Consommation fréquente (≥6 tasses/j) associée à +0,18 mmol/L de cholestérol chez les femmes.
- Effet également présent chez les hommes, mais un peu moins marqué.
Le café à piston n’utilise pas de filtre papier, donc il retient aussi très peu les diterpènes.
3. Café instantané
- Augmentation modérée : +0,05 mmol/L chez les femmes (pour ≥6 tasses/j), effet plus faible chez les hommes.
Bien que fabriqué différemment, le café instantané contient une petite quantité de diterpènes, ce qui peut expliquer cette hausse légère.
4. Café filtré
- Aucun lien significatif n’a été observé, même pour des consommations élevées.
- Chez certains profils, une légère baisse de cholestérol a même été notée.
Les filtres en papier capturent les diterpènes : c’est donc la méthode la plus “cardio-sécuritaire” selon cette étude.
Interprétation
La variation d’impact selon les types de café semble liée à la présence de diterpènes (cafestol et kahweol), présents en plus grande quantité dans les cafés non filtrés (expresso, piston), et qui favorisent la hausse du cholestérol.
Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude
Privilégier le café filtre au quotidien
Le café filtré est celui qui laisse passer le moins de diterpènes. Pour les personnes sensibles au cholestérol, il constitue une option plus sûre, sans sacrifier la dose de caféine ou le plaisir du rituel.
Modérer sa consommation d’expresso
Boire un expresso de temps à autre n’est pas problématique. Mais des consommations répétées et importantes (plus de 3–4 par jour), surtout chez les personnes ayant un cholestérol élevé, devraient faire l’objet d’un suivi.
Adapter selon son profil
L’effet étant plus marqué chez les hommes pour certaines quantités, et chez les femmes pour d’autres, il est intéressant de rappeler que la biologie individuelle compte, et que le café n’est pas une boisson anodine.
Conclusion
Ce que cette étude nous enseigne, c’est qu’un petit détail dans notre tasse peut avoir un impact sur notre santé à long terme.
Il ne s’agit pas de diaboliser l’expresso – il a ses vertus, son goût, son histoire. Mais de le considérer avec recul, de varier les modes de préparation, et d’écouter ce que notre corps nous dit.
La longévité ne se joue pas uniquement dans les grandes décisions. Elle se construit aussi, doucement, tasse après tasse.
Source
Svatun, L. N., Øverby, N. C., Meyer, H. E., Ursin, G., Skeie, G., & Olsen, M. A. (2022). Association between espresso coffee and serum total cholesterol: the Tromsø Study 2015–2016. Open Heart, 9(1), e001946. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8995942/