En bref
Une analyse de plus de 4 200 adultes dans 34 populations révèle que la hausse du surpoids liée au développement économique est principalement due à une consommation accrue de calories ultra-transformées, tandis que la dépense énergétique reste similaire voire plus élevée avec l’industrialisation.
Introduction
L’augmentation de l’obésité à l’échelle planétaire est souvent attribuée à une baisse d’activité physique. Pourtant, cette vaste étude multisociétés publiée dans PNAS renverse cette hypothèse : l’explication majeure semble résider dans l’alimentation plutôt que dans la sédentarité. Comprendre cette distinction est essentiel pour orienter les politiques de santé et prolonger l’espérance de vie.
Protocole de l’étude
Les chercheurs ont analysé :
- 4 213 adultes âgés de 18 à 60 ans issus de 34 populations aux styles de vie variés (chasseurs‑cueilleurs, pasteurs, agriculteurs, populations industrialisées) réparties sur six continents.
- Dépenses énergétiques mesurées directement avec la méthode de l’eau doublement marquée pour estimer :
- la dépense énergétique totale (TEE)
- la dépense de base (BEE)
- la dépense liée à l’activité physique (AEE).
- En parallèle, données biométriques : IMC, pourcentage de masse grasse.
- Pour certaines populations (n = 25), données alimentaires indiquant la part de calories provenant d’aliments ultra-transformés (UPF).
- Niveau de développement économique évalué via l’indice de développement humain (IDH) des Nations Unies.
Résultats de l’étude
- Dans les pays à IDH élevé, l’IMC et le pourcentage de graisse corporelle sont significativement plus élevés, mais la dépense énergétique totale est aussi plus importante, liée à un plus grand poids corporel.
- Après ajustement selon la taille corporelle, la TEE et la BEE diminuent légèrement (–6 à –11 %) avec le développement économique. L’AEE reste stable et n’est pas corrélée au mode de vie.
- L’analyse révèle que la dépense énergétique ajustée explique seulement environ 10 % de l’augmentation de l’obésité, en lien avec l’industrialisation.
- La consommation de calories issue des aliments ultra-transformés est fortement corrélée au pourcentage élevé de masse grasse et d’IMC dans ces populations.
Ce que cela signifie pour notre santé
- Les régimes riches en aliments ultra-transformés sont le principal moteur de la prise de poids dans les sociétés développées.
- L’activité physique reste essentielle pour la santé cardiovasculaire et le bien-être global, mais elle n’est pas suffisante pour lutter contre l’excès de poids si l’alimentation est déséquilibrée.
- Des recommandations nutritionnelles adaptées (réduction des ultra-transformés, augmentation des aliments entiers) sont fondamentales pour prévenir l’obésité, les maladies métaboliques ou cardiovasculaires, et améliorer l’espérance de vie.
- Les politiques de santé publique doivent privilégier les choix alimentaires plutôt que de se concentrer uniquement sur la promotion de l’activité physique.
Conclusion
Cette étude rigoureuse remet en question l’idée selon laquelle la sédentarité expliquerait la montée de l’obésité. Les données montrent que c’est l’alimentation ultra-transformée qui tire la hausse des masses grasses, même dans des populations aussi actives. Pour préserver la santé et prolonger la vie, il est donc crucial de réorienter les stratégies vers une meilleure qualité nutritionnelle.
Source APA
McGrosky, A., Luke, A., Arab, L., et al. (2025). Energy expenditure and obesity across the economic spectrum. Proceedings of the National Academy of Sciences, 122(29), Article e2420902122. https://doi.org/10.1073/pnas.2420902122