Course de longue distance et risque de cancer du côlon : des liens confirmés

Dessin au fusain minimaliste d’un coureur de longue distance à côté d’un côlon stylisé, symbolisant le lien avec les adénomes avancés

En bref

Une enquête ASCO/INOVA portant sur 100 coureurs de fond âgés de 35 à 50 ans révèle un taux de 15 % d’adénomes colorectaux avancés — des lésions précancéreuses — sensiblement supérieur aux 1-2 % attendus dans cette tranche d’âge.


Introduction

La course longue distance est largement reconnue pour ses bienfaits cardiovasculaires et métaboliques. Toutefois, des signalements de cas de cancers colorectaux avancés chez des coureurs jeunes et en excellente forme ont conduit à suspecter un risque accru lié à cette pratique intensive. Une étude récente explore ce lien afin d’éclairer les pratiques de dépistage pour les sportifs de haut niveau.


Protocole de l’étude

L’équipe dirigée par le Dr Timothy Cannon (Inova Schar Cancer Institute) a recruté 100 coureurs (35–50 ans), ayant accompli au moins 5 marathons ou 2 ultramarathons, sans antécédents familiaux de cancer colorectal ou maladies inflammatoires intestinales. Tous ont subi une coloscopie de dépistage sans avoir jamais entrepris une précédemment. Un questionnaire a précisé leurs habitudes alimentaires, antécédents digestifs et volume d’entraînement. Les polypes découverts ont été évalués par plusieurs spécialistes pour confirmer la présence d’adénomes avancés.


Résultats de l’étude

L’âge moyen des participants était 42,5 ans, inférieur à l’âge recommandé pour le dépistage de routine.

  • 15 % des participants présentaient des adénomes avancés, un taux nettement supérieur aux 1-2 % habituellement observés dans la population générale de même âge.
  • 41 % avaient au moins un adénome, quel que soit son stade.

Les auteurs évoquent plusieurs hypothèses : ischemie répétitive de la muqueuse intestinale durant les efforts prolongés, inflammation chronique, rupture de la barrière intestinale ou micro-sang dans les selles, souvent attribué à tort à la course elle-même.


Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude

  • Pour les coureurs concernés (marathon ou ultramarathon répétés), envisager une coloscopie de dépistage précoce, même avant l’âge standard (généralement 45 ans).
  • Ne pas banaliser des symptômes digestifs post course (sang, diarrhée) : consulter plutôt qu’ignorer.
  • Maintenir une alimentation riche en fibres, hydratation adéquate et récupération digestive après les efforts.
  • Les professionnels de santé devraient inclure l’historique sportif dans l’évaluation du risque colorectal et adapter le dépistage en conséquence.

Conclusion

Cette étude montre une prévalence inhabituelle d’adénomes colorectaux avancés chez des coureurs de distance extrême en bonne santé. Elle suggère la nécessité d’un dépistage colorectal anticipé dans cette population, ainsi qu’une vigilance accrue sur les symptômes digestifs persistants, afin de prévenir l’évolution vers un cancer colorectal.


Source

Cannon, T. L. M., et al. (2025). Risk of pre-cancerous advanced adenomas of the colon in long-distance runners. ASCO Annual Meeting Abstracts, Abstract 491966. https://doi.org/10.1200/JCO.2025.43.16_suppl.3619

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