Des cellules immunitaires dans la graisse viscérale contrôlent le vieillissement et l’inflammation

Dessin au fusain minimaliste montrant des cellules graisseuses entourées de macrophages et reliées à une hélice d’ADN et une horloge, symbolisant le lien entre inflammation, métabolisme et vieillissement

En bref

Une étude révèle que des cellules immunitaires spécialisées, appelées macrophages associés aux nerfs (NAMs), résident dans la graisse viscérale. Elles sont essentielles au maintien de l’équilibre du tissu adipeux et à la suppression de l’inflammation liée à l’âge (inflammaging). Leur déclin avec le vieillissement est directement lié à l’augmentation de l’inflammation et à l’altération de la capacité du corps à gérer les graisses.


Introduction

Le vieillissement biologique est souvent accompagné d’une inflammation chronique de bas grade, connue sous le nom d’« inflammaging », qui contribue au développement de nombreuses maladies liées à l’âge et raccourcit l’espérance de vie en bonne santé. Le tissu adipeux (la graisse), en particulier la graisse viscérale, joue un rôle central dans ce processus. Les macrophages, des cellules immunitaires qui résident dans ce tissu (ATMs), sont des régulateurs clés de l’inflammation. Cependant, le rôle exact de leurs différents sous-types, et comment ils changent avec l’âge, restait à préciser. Cette étude identifie un sous-ensemble crucial de ces macrophages, révélant un lien direct entre le système nerveux, le tissu adipeux et le vieillissement systémique.


Protocole de l’étude : l’identification de macrophages spécialisés dans la graisse

Les chercheurs ont mené cette étude sur des souris à différents stades de leur vie pour suivre l’évolution des cellules immunitaires au fil du vieillissement.

  • Ciblage cellulaire : L’étude s’est concentrée sur le tissu adipeux viscéral (la graisse qui entoure les organes internes). Pour identifier précisément les populations de macrophages qui résident dans ce tissu, et non celles qui circulent simplement, l’équipe a utilisé une technique de marquage intravasculaire avant de procéder au séquençage d’ARN de cellule unique.
  • Méthodes d’analyse : Le séquençage d’ARN de cellule unique a permis de définir le profil moléculaire de plus d’un million de cellules de la graisse, identifiant ainsi des sous-types de macrophages. Cette identification a été validée par la cytométrie en flux multiparamétrique.
  • Test fonctionnel : Pour confirmer le rôle d’un sous-ensemble spécifique de macrophages identifié (NAMs), les chercheurs ont détruit sélectivement ces cellules chez des souris âgées. Ils ont ensuite mesuré l’impact de cette déplétion sur l’inflammation et sur la capacité des tissus à métaboliser les graisses.

Résultat de l’étude : le déclin d’un gendarme anti-inflammation

Les analyses ont révélé des changements significatifs dans la composition des macrophages du tissu adipeux avec le vieillissement.

  • Modification des populations : Chez les souris âgées, certaines populations de macrophages diminuent, tandis qu’une nouvelle population inflammatoire (CD38+ Age-associated macrophages) se développe dans la graisse viscérale.
  • Découverte des NAMs : L’étude a identifié les macrophages associés aux nerfs (NAMs), un sous-ensemble spécialisé qui décline de manière notable avec l’âge. Ces NAMs sont situés à proximité des terminaisons nerveuses du tissu adipeux.
  • Impact du déclin : La suppression des NAMs chez les souris âgées a entraîné une augmentation de l’inflammation liée à l’âge (inflammaging).
  • Dysfonctionnement métabolique : La déplétion des NAMs a également altéré la lipolyse, c’est-à-dire la capacité du corps à libérer et à utiliser la graisse stockée. Ce dysfonctionnement suggère une résistance du tissu adipeux aux hormones nerveuses.
  • Conclusion fonctionnelle : Les NAMs agissent comme un sous-ensemble spécialisé qui contrôle l’homéostasie du tissu adipeux et freine l’inflammation systémique au cours du vieillissement.

Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude

Cette recherche fondamentale, bien qu’effectuée sur des modèles animaux, met en lumière le rôle central de la graisse viscérale et de son lien avec le système nerveux dans le processus de vieillissement et d’inflammation chronique. En termes de santé et de longévité, les résultats suggèrent deux pistes d’action majeures.

  1. Gérer la graisse viscérale : Le maintien d’un poids santé et la réduction de l’accumulation de graisse viscérale (autour des organes) restent primordiaux. Cette graisse est un terrain d’accumulation pour les macrophages inflammatoires et semble être le lieu où les macrophages protecteurs (NAMs) déclinent. Des facteurs liés au mode de vie, comme l’exercice régulier et une alimentation équilibrée, sont des leviers connus pour moduler positivement la composition du tissu adipeux.
  2. Moduler l’inflammation : La compréhension des NAMs pourrait à terme ouvrir la voie à de nouvelles cibles thérapeutiques (par exemple, des médicaments qui préviennent leur déclin). En attendant, l’adoption de stratégies anti-inflammatoires dans l’alimentation (régime méditerranéen, oméga-3) et la gestion du stress peuvent aider à contrôler l’inflammaging et ainsi soutenir la fonction de ces cellules immunitaires protectrices.

Conclusion

L’étude révèle que la santé du tissu adipeux viscéral est intimement liée à la régulation de l’inflammation systémique et au vieillissement. L’identification des macrophages associés aux nerfs (NAMs) comme des régulateurs clés de l’homéostasie des graisses et des freins à l’inflammaging fournit une nouvelle perspective sur les mécanismes du vieillissement. Ces découvertes jettent les bases pour le développement de futures interventions ciblant le tissu adipeux afin de prolonger la santé et la longévité humaines.


Source

Baccarella, A., Chen, K., Cvetojevic, S., Jepsen, K. L., Sriram, N., Li, J., Ma, C., Liu, C., Kim, E., Li, H., Han, Y., Choi, J. H., Kim, M., Oh, Y. H., Liu, W., Rida, P. C., Wang, Z., Lee, H., Zhai, X., … & Feng, D. (2025). Nerve-associated macrophages control adipose homeostasis across lifespan and restrain age-related inflammation. Nature Aginghttps://www.nature.com/articles/s43587-025-00952-9

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