Des peptides d’axolotl contre le cancer et les bactéries résistantes : un espoir thérapeutique venu des amphibiens

Dessin au fusain montrant une silhouette stylisée d’axolotl entourée de symboles cellulaires et moléculaires représentant la lutte contre les cellules cancéreuses et les agents pathogènes

En bref

Des chercheurs ont isolé 22 peptides antimicrobiens (AMPs) dans le mucus cutané d’axolotls. Certains ont montré une efficacité significative contre les bactéries résistantes (MRSA) et des propriétés anticancéreuses sélectives, notamment en inhibant des gènes impliqués dans le développement du cancer du sein.

Introduction

La résistance aux antibiotiques et la difficulté à traiter certains cancers constituent deux des défis majeurs de la médecine actuelle. Dans ce contexte, les peptides antimicrobiens (AMPs), présents naturellement chez de nombreux organismes, suscitent un intérêt croissant. L’axolotl (Ambystoma mexicanum), un amphibien célèbre pour ses capacités de régénération, possède un système immunitaire inné très développé. L’étude ici présentée explore les AMPs issus de son mucus cutané pour évaluer leur potentiel antibactérien et anticancéreux.

L’étude

Les chercheurs ont extrait et analysé le mucus de l’axolotl afin d’identifier les AMPs potentiels par spectrométrie de masse. Vingt-deux peptides prometteurs ont été synthétisés et testés pour leur activité :

  • Activité antibactérienne : 4 peptides (dont les peptides 1, 2, 13 et 7) ont inhibé la croissance de bactéries résistantes à la méthicilline (MRSA). Le peptide 1 a affiché une efficacité comparable à la vancomycine, avec une concentration inhibitrice minimale (CIM) de 2 μg/mL.
  • Activité anticancéreuse : Les peptides 1, 12 et 13 ont induit l’apoptose dans des cellules de cancer du sein (lignée T-47D), sans affecter les cellules saines (MCF10A). Cette sélectivité est précieuse pour le développement de traitements plus sûrs.
  • Analyse génétique : Ces peptides ont modulé l’expression de plusieurs gènes :
    • Inhibition de gènes pro-cancéreux : IL6, MMP2 et CCND2 (liés à la prolifération, l’inflammation et la métastase) ont été diminués.
    • Activation de gènes suppresseurs de tumeur : BRCA1, BRCA2, NR3C1, SFN et RB1 ont été activés, suggérant une possible inversion de la signature tumorale.

Ce que cela implique pour notre santé

Cette étude ouvre des pistes thérapeutiques nouvelles dans deux domaines critiques :

  • Contre les infections résistantes : Les peptides d’axolotl pourraient être développés comme alternatives aux antibiotiques, avec un mode d’action basé sur la destruction des membranes bactériennes.
  • En oncologie : Leur capacité à cibler sélectivement les cellules cancéreuses, tout en épargnant les cellules saines, suggère un potentiel pour des traitements anticancéreux mieux tolérés.

Cependant, des recherches supplémentaires seront nécessaires pour valider leur efficacité in vivo et comprendre leurs mécanismes d’action précis.

Conclusion

Les peptides isolés du mucus cutané de l’axolotl démontrent un double potentiel thérapeutique remarquable : antimicrobien et anticancéreux. Cette découverte, à l’interface entre biologie amphibienne et médecine humaine, pourrait bien enrichir notre arsenal contre les maladies infectieuses et les cancers résistants.

Source

Dastagir, N., Liebsch, C., Kutz, J., Wronski, S., Pich, A., Obed, D., … & Strauß, S. (2025). Identification of antimicrobial peptides from the Ambystoma mexicanum displaying antibacterial and antitumor activity. PLOS ONE, 20(3), e0316257. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0316257

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *