En bref
Une étude montre que des températures élevées sur plusieurs mois à années accélèrent le vieillissement épigénétique, c’est-à-dire la vitesse à laquelle notre ADN montre des signes d’âge.
Introduction
Nous savons que la chaleur extrême affecte la santé de manière immédiate : déshydratation, coup de chaleur, stress cardiovasculaire. Moins exploré, son impact à moyen et long terme sur le vieillissement biologique pourrait avoir des conséquences durables. Cette recherche s’intéresse à la manière dont exposer son corps à des températures élevées de façon répétée influence l’âge biologique mesuré par les modifications épigénétiques de l’ADN.
Protocole de l’étude
Les chercheurs ont analysé les données de cohortes humaines sur plusieurs années, corrélant les expositions moyennes mensuelles et annuelles à la température ambiante avec des indicateurs d’âge biologique mesurés par des horloges épigénétiques (DNA methylation clocks). Ils ont appliqué des analyses statistiques pour isoler l’effet de la chaleur des autres facteurs comme le tabagisme, l’indice de masse corporelle ou les maladies chroniques.
Résultats de l’étude
L’étude révèle que des expositions prolongées à des températures élevées sont associées à une accélération de l’âge épigénétique, autrement dit à une vitesse accrue de vieillissement au niveau cellulaire. Cet effet est mesurable à l’échelle des mois et s’accumule sur plusieurs années. L’accélération épigénétique reste significative après ajustement pour les autres facteurs confondants.
Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude
Cette étude suggère que des expositions régulières à la chaleur ambiante peuvent contribuer à un vieillissement biologique accru. Pour limiter ce risque, il est conseillé de :
- Se protéger activement contre la chaleur (hygiènes climatiques, vigilance pendant les vagues de chaleur) ;
- Maintenir une bonne hydratation et éviter les efforts physiques en période chaude ;
- Favoriser des environnements frais, surtout chez les personnes âgées ou vulnérables ;
- Prendre conscience que le climat, au-delà des maladies aiguës, joue un rôle sur le vieillissement cellulaire à long terme.
Prioriser des politiques publiques visant à réduire l’exposition chronique à la chaleur (ex. aménagement urbain, accès à des lieux climatisés) pourrait contribuer à ralentir le vieillissement biologique à l’échelle de la population.
Conclusion
Cette étude apporte des preuves que des expositions prolongées à la chaleur accentuent le vieillissement épigénétique, autrement dit la vitesse à laquelle notre corps montre des signes moléculaires d’âge avancé. Prévenir ce vieillissement par la protection contre la chaleur constitue une piste concrète pour préserver la santé à long terme et retarder l’apparition de maladies liées à l’âge.
Source
Wenli Ni, Nikolaos Nikolaou, Cavin K. Ward-Caviness, Susanne Breitner, Kathrin Wolf, Siqi Zhang, Rory Wilson, Melanie Waldenberger, Annette Peters, Alexandra Schneider, Associations between medium- and long-term exposure to air temperature and epigenetic age acceleration, Environment International, Volume 178, 2023, 108109, ISSN 0160-4120, https://doi.org/10.1016/j.envint.2023.108109