Football professionnel : la fréquence des coups de tête augmente le risque de troubles cognitifs

Dessin au fusain minimaliste montrant une silhouette de footballeur réalisant une tête avec un ballon, avec un cerveau stylisé en arrière-plan

En bref

Une étude transversale menée au royaume-uni auprès d’anciens joueurs de football professionnels a examiné l’association entre la fréquence des coups de tête répétés durant leur carrière et le risque de troubles cognitifs à un âge avancé. Les résultats indiquent que les joueurs ayant effectué plus de 15 coups de tête par match ou par entraînement présentaient un risque de troubles cognitifs plus de 3 fois supérieur, soulignant la nécessité de limiter cette exposition pour protéger la santé cérébrale à long terme.


Introduction

Le football est apprécié dans le monde entier, mais la question des conséquences à long terme des impacts répétés sur la tête, notamment lors de la réalisation de coups de tête (têtes), a pris de l’importance dans la communauté scientifique. Si la nature physique du sport offre des bénéfices cardiovasculaires qui favorisent la longévité physique, les impacts potentiels sur la santé neurologique et la fonction cognitive suscitent des préoccupations. Cette étude a pour objectif de quantifier l’association entre la fréquence des coups de tête durant la carrière d’un joueur et le déclin cognitif observé plus tard, offrant ainsi des données essentielles pour la protection de la santé cérébrale des athlètes.


Protocole de l’étude de manière claire et accessible

Il s’agit d’une étude transversale à l’échelle du royaume-uni. Ce type d’étude permet d’analyser l’état de santé (ici, la fonction cognitive) d’un groupe spécifique (anciens footballeurs) à un moment donné et de le corréler avec des expositions passées (la fréquence des coups de tête).

  • Participants : L’étude a recruté 459 anciens joueurs de football professionnels masculins, avec un âge moyen de 63,68 ans au moment de l’évaluation. Ces joueurs étaient inscrits auprès d’associations de footballeurs professionnels.
  • Collecte des données d’exposition : La variable d’exposition clé était la fréquence auto-déclarée des coups de tête effectués par match et par séance d’entraînement au cours de leur carrière. Les fréquences ont été classées en trois groupes : 0 à 5 fois, 6 à 15 fois, et plus de 15 fois.
  • Mesure des résultats : L’issue principale mesurée était le trouble cognitif, défini par un score faible au telephone interview for cognitive status-modified (TICS-m). La mémoire verbale et la fluidité verbale ont également été évaluées.
  • Analyse : Les chercheurs ont calculé les rapports de cotes ajustés pour évaluer la probabilité d’un trouble cognitif en fonction des catégories de fréquence des coups de tête, après avoir tenu compte d’autres facteurs de confusion (comme les antécédents de commotions avec perte de mémoire).

Résumé des résultats de l’étude

Les résultats ont mis en évidence une association claire entre une fréquence élevée de coups de tête et une fonction cognitive altérée.

  • Risque accru avec la fréquence : Les joueurs qui effectuaient le plus de coups de tête présentaient le risque de troubles cognitifs le plus élevé. Par rapport au groupe à faible fréquence (0 à 5 coups de tête par match), les joueurs déclarant plus de 15 coups de tête par match avaient un rapport de cotes ajusté de 3,53 (intervalle de confiance à 95% de 1,13 à 11,04) pour le trouble cognitif.
  • Tendance dans l’entraînement : Une tendance similaire a été observée pour les coups de tête effectués lors des séances d’entraînement. Les joueurs déclarant plus de 15 coups de tête par session d’entraînement avaient un rapport de cotes ajusté de 3,40 pour le trouble cognitif, par rapport au groupe à faible fréquence.
  • Rôle des commotions : L’étude a également confirmé qu’une commotion cérébrale passée ayant impliqué une perte de mémoire était associée à un risque accru de troubles cognitifs (AOR de 3,16), mais l’association avec les coups de tête restait significative même après l’ajustement pour les commotions. La prévalence du trouble cognitif dans le groupe le plus exposé était de 15,20%.

Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude

L’étude suggère que la santé cognitive à long terme des athlètes est un domaine nécessitant une attention particulière. Pour le lecteur, la préservation de la fonction cérébrale est un pilier de la longévité.

  1. Réduire la fréquence d’exposition : La mesure la plus directe est la limitation des coups de tête répétés et non traumatiques, en particulier lors des entraînements. Les joueurs de tous niveaux peuvent réduire leur risque en diminuant la fréquence des exercices de tête.
  2. Gestion des commotions : Il est essentiel d’intégrer des protocoles stricts pour la gestion et le repos après tout événement traumatique impliquant la tête. Les commotions, avec ou sans perte de mémoire, constituent un facteur de risque indépendant qui doit être traité avec rigueur clinique.
  3. Encourager les alternatives : Les organisations sportives et les entraîneurs devraient revoir les méthodes d’entraînement et les outils (comme l’utilisation de ballons plus légers ou d’exercices alternatifs) afin de minimiser l’impact cumulatif sur le cerveau des joueurs, assurant ainsi une meilleure qualité de vie et une meilleure santé cognitive après la carrière.

Conclusion

Cette étude établit que l’exposition professionnelle aux coups de tête est associée à une augmentation significative du risque de troubles cognitifs chez les footballeurs retraités. Le gain pour la longévité réside dans la protection proactive de la fonction cérébrale. Une réduction ciblée de la fréquence des coups de tête peut être une intervention préventive essentielle pour les athlètes, contribuant à préserver leur santé cognitive dans la vieillesse.


Source

Espahbodi, S., Alwan, N. A., Cowie, R. S., Althobaity, M., Zhang, W., & Chen, Y. (2023). Heading frequency and risk of cognitive impairment in retired male professional soccer players. JAMA Network Open6(7), e2323822. https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2839068

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