En bref
Une exposition prénatale à des aérosols de e-liquides sans nicotine, contenant un ratio 50/50 de propylène glycol (PG) et de glycérine végétale (VG), a provoqué des anomalies de croissance crâniofaciale chez des souriceaux. Ces résultats soulignent un risque potentiel méconnu des vapoteuses, même en l’absence de nicotine.
Introduction
Le vapotage est souvent perçu comme une alternative moins nocive à la cigarette traditionnelle. Si les effets de la nicotine sont bien documentés, les solvants contenus dans les e-liquides, notamment le propylène glycol (PG) et la glycérine végétale (VG), sont rarement étudiés isolément. Pourtant, ces substances représentent la majeure partie du volume inhalé. Une étude récente parue dans PLOS ONE vient bouleverser cette perception en examinant les effets de ces solvants sur le développement embryonnaire chez la souris.
Protocole de l’étude
Des souris femelles gravides ont été exposées quotidiennement à des aérosols de e-liquides sans nicotine, contenant un ratio PG/VG de 50/50, pendant toute la durée de la gestation. L’exposition a été standardisée et contrôlée pour reproduire une inhalation réaliste, équivalente à une consommation humaine régulière.
Après la naissance, les souriceaux ont été examinés à l’aide d’imageries micro-CT (micro-tomodensitométrie) afin de mesurer les structures crâniennes. Les mesures incluaient la longueur du crâne, la largeur du museau, la taille des os nasaux, ainsi que d’autres paramètres morphométriques.
Résultats de l’étude
Les résultats sont sans appel : les souriceaux exposés in utero à l’aérosol PG/VG présentaient des réductions significatives des dimensions crâniennes par rapport aux témoins non exposés.
- Réduction de la largeur du museau
- Rétrécissement de la longueur du crâne
- Altération des structures osseuses nasales
Ces anomalies suggèrent que les solvants PG/VG ont un effet tératogène potentiel, même sans nicotine, ce qui va à l’encontre des idées reçues sur l’innocuité des e-liquides sans substances actives.
Conclusion
L’étude met en lumière un angle mort dans la perception du vapotage : les solvants eux-mêmes ne sont pas neutres. Même en l’absence de nicotine, l’exposition prénatale à des e-liquides pourrait avoir des effets durables sur le développement du squelette crânien. À l’heure où le vapotage est banalisé, notamment chez les jeunes adultes, ces données doivent inciter à une réévaluation des normes de sécurité.
Source
Goulding, E.H., Momin, S.H., et al. (2025). Quantitative craniofacial changes in fetal mice following exposure to 50/50 PG/VG e-liquid aerosols. PLOS ONE. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0327190