En bref
Une étude comparative sur quatre populations mondiales révèle que l’inflammation liée à l’âge (« inflammaging ») est fortement présente dans les sociétés industrialisées mais absente chez deux populations indigènes. Le phénomène apparaît davantage lié au mode de vie qu’à l’âge lui-même.
Introduction
L’inflammation liée à l’âge, cette inflammation chronique de bas grade associée au vieillissement, est souvent tenue pour un marqueur universel du déclin physiologique. Des chercheurs ont voulu tester cette hypothèse en comparant des populations très différentes. Les résultats remettent en question la généralité de ce mécanisme et suggèrent un rôle majeur du mode de vie et de l’environnement.
Protocole de l’étude
Les équipes ont utilisé un panel de 19 cytokines circulantes pour définir un « axe inflammaging », défini dans la cohorte InCHIANTI (Italie). Ce même axe a été comparé à deux populations industrialisées (Italie, Singapour) et deux peuples indigènes non industrialisés (les Tsimane de Bolivie et les Orang Asli de Malaisie). L’objectif était de mesurer si cet axe inflammatoire augmentait avec l’âge et s’associait à des maladies liées à l’âge.
Résultats de l’étude
Les résultats montrent que l’inflammation liée à l’âge n’est pas universelle :
- Dans les populations industrialisées, les marqueurs inflammatoires étudiés (19 cytokines) augmentent avec l’âge et sont associés à des maladies chroniques comme les troubles métaboliques, l’insuffisance rénale ou cardiovasculaire.
- En revanche, chez les Tsimane et les Orang Asli, ces mêmes marqueurs sont présents à des niveaux élevés dès le plus jeune âge (en raison d’infections fréquentes), mais ne progressent pas avec l’âge et ne sont pas associés aux maladies chroniques liées au vieillissement.
Ces résultats indiquent que le phénomène d’inflammaging observé dans les pays développés semble dépendre du mode de vie moderne (alimentation transformée, sédentarité, pollution…), et non du vieillissement biologique en soi. Autrement dit, l’inflammation chronique qui accompagne l’âge dans nos sociétés pourrait être évitée ou atténuée par un mode de vie plus proche de celui des sociétés non industrialisées.
Ce que cela signifie pour notre santé
- L’inflammation liée au vieillissement pourrait être évitable : elle semble liée à un mode de vie industrialisé davantage qu’à l’âge biologique.
- Interventions ciblées sur nutrition, activité physique, expositions environnementales ou lieux de vie pourraient limiter ce processus inflammatoire.
- Dépistage contextualisé : les biomarqueurs d’inflammation doivent être interprétés selon les populations et le mode de vie, pas de manière universelle.
- Promotion de modes de vie durables : adopter des pratiques proches de celles des sociétés indigènes (ex : alimentation non transformée, contact régulier avec la nature) pourrait réduire les effets de l’inflammation liée à l’âge.
Conclusion
Cette étude remet en question la notion d’inflammation liée à l’âge comme trait universel du vieillissement humain. Elle met en évidence que ce phénomène est fortement dépendant du mode de vie industrialisé et qu’il reste absent chez certaines populations vivant dans un environnement naturel. Cela ouvre la voie à des stratégies de prévention adaptatives, loin du modèle unique.
Source APA
Franck, M., Tanner, K. T., Tennyson, R. L., Charalambous, E. G., Cohen, A. A., et al. (2025). Nonuniversality of inflammaging across human populations. Nature Aging. https://doi.org/10.1038/s43587-025-00888-0