Maladie d’Alzheimer : quand les cellules immunitaires du cerveau ouvrent la voie à de nouveaux traitements

Cellules microgliales en interaction avec un cerveau stylisé, symbolisant leur rôle central dans la progression de la maladie d’Alzheimer et les nouvelles pistes de traitement issues des études omiques

En bref

Les microglies, cellules immunitaires du cerveau, jouent un rôle central dans la progression de la maladie d’Alzheimer. Grâce aux technologies “omiques” appliquées sur des modèles murins, les chercheurs découvrent des signatures moléculaires spécifiques qui ouvrent la voie à des traitements plus ciblés et personnalisés.


Comprendre l’invisible : ce que notre cerveau nous cache

Nous avons longtemps cru que la maladie d’Alzheimer n’était qu’une affaire de plaques amyloïdes et de protéines tau. Pourtant, dans l’ombre, un autre acteur essentiel prend part au drame neurologique : la microglie. Ces cellules immunitaires du cerveau, longtemps négligées, se révèlent aujourd’hui au cœur du processus pathologique. Et ce sont les nouvelles technologies dites “omiques” (génomique, transcriptomique, épigénomique, etc.) qui lèvent enfin le voile sur leurs rôles subtils.


Les microglies, sentinelles et parfois saboteuses

La microglie agit comme la première ligne de défense dans le cerveau. Elle repère les anomalies, élimine les débris, et participe à la régulation de l’environnement cérébral. Mais dans Alzheimer, ces cellules changent profondément de comportement.

Les chercheurs ont identifié des “états microgliaux” pathologiques, dont un en particulier : les DAMs (Disease-Associated Microglia). Ces microglies mutantes s’activent à proximité des plaques amyloïdes, modifiant leur expression génétique et déclenchant une cascade d’inflammations et de dysfonctionnements cellulaires.


Les technologies “omiques” révèlent la carte cachée de la maladie

Grâce à l’analyse fine du génome et du transcriptome (expression des gènes) de ces microglies, les chercheurs ont pu identifier plusieurs sous-types de microglies impliqués à différentes étapes de la maladie. Ils observent que :

  • Certaines microglies s’activent dès les premières plaques.
  • D’autres réagissent à la présence de protéines tau.
  • Certaines sont influencées par l’âge, le sexe ou le gène APOE.
  • Certaines régressent ou changent de nature selon la localisation cérébrale (notamment dans la substance blanche).

Ces observations, jusque-là impossibles à visualiser, deviennent concrètes grâce aux technologies de séquençage unicellulaire et à la transcriptomique spatiale.


Ce que cela change

Pourquoi est-ce si important ? Parce que mieux comprendre les états microgliaux, c’est :

  • Cibler la maladie en amont, avant l’apparition des symptômes irréversibles.
  • Développer des thérapies de précision, capables de réactiver les bonnes fonctions de la microglie ou d’inhiber ses dérives inflammatoires.
  • Adapter les traitements selon le profil génétique ou sexuel du patient.
  • Mieux détecter la maladie, en identifiant des marqueurs biologiques précoces.

Conclusion : une nouvelle ère dans la lutte contre Alzheimer

Cette étude impressionnante nous rappelle que la maladie d’Alzheimer est bien plus complexe qu’on ne le pensait. Les microglies ne sont ni bonnes ni mauvaises, mais sensibles, adaptatives, parfois déroutées. Les comprendre, c’est rendre justice à leur rôle et ouvrir des pistes thérapeutiques longtemps ignorées.

Si nous voulons agir tôt, efficacement, et durablement, c’est là — dans l’intimité moléculaire des cellules cérébrales — que nous devons chercher.


Source

Reid, A. N., Jayadev, S., & Prater, K. E. (2025). Microglial Responses to Alzheimer’s Disease Pathology: Insights From ‘Omics’ Studies. Glia, 73(3), 519–538. https://doi.org/10.1002/glia.24666

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