En bref
Une étude longitudinale sur 404 adultes révèle qu’un temps prolongé en position assise est lié à une réduction accélérée du volume hippocampique et à un déclin cognitif, indépendamment de l’activité physique modérée à vigoureuse.
Introduction
Le vieillissement cérébral dépend de nombreux facteurs. Si l’activité physique protège le cerveau, l’impact négatif d’un comportement sédentaire prolongé reste sous-estimé. Cette étude du Vanderbilt Memory and Aging Project examine l’influence du temps assis sur la structure cérébrale et les fonctions cognitives sur sept ans.
L’étude
Protocole de l’étude
- Participants : 404 adultes de 60 à 90 ans, issus du Vanderbilt Memory and Aging Project, évalués entre 2012 et 2019.
- Mesure de la sédentarité : port d’un actimètre pendant 7 jours en début d’étude.
- Imagerie cérébrale : IRM 3 T Mesure de volume hippocampique, matière grise, indicateurs de signature Alzheimer.
- Tests cognitifs : mémoire épisodique, vitesse de traitement, langage (ex. tests de dénomination), exécutifs.
- Modèles ajustés sur l’âge, le sexe, l’éducation, l’IMC, et l’activité physique modérée‑vigoureuse (MVPA).
Résultats principaux
- Volumes cérébraux réduits : chaque heure supplémentaire assise par jour était associée à une diminution plus rapide (> β = -0,1, p = 0,008) du volume de l’hippocampe.
- Déclin cognitif accéléré : baisse de la mémoire épisodique (β = -0,001, p = 0,03), de la vitesse de traitement (β = -0,003, p = 0,02) et capacités exécutives (β = 0,01, p = 0,01).
- Risque accru en porteurs d’APOE‑ε4 : l’effet négatif était plus marqué chez ces individus, avec un impact significatif sur le volume cérébral global (lobe pariétal, frontal) et les performances cognitives.
Conclusion de l’étude
Ppasser plus de temps assis chaque jour est associé à une perte plus rapide de volume cérébral (notamment au niveau de l’hippocampe), et à un déclin progressif des fonctions cognitives, en particulier la mémoire, la vitesse de traitement de l’information et les capacités exécutives.
Ce lien est indépendant du niveau d’activité physique : autrement dit, même les personnes âgées pratiquant régulièrement une activité modérée à intense ne sont pas protégées si elles restent assises trop longtemps au quotidien.
L’effet est plus marqué chez les personnes porteuses du gène APOE-ε4, connu pour augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer.
En résumé :
- Chaque heure passée assis est liée à un déclin accéléré du cerveau au fil du temps.
- Bouger régulièrement dans la journée est aussi important que faire du sport.
- Limiter la sédentarité quotidienne pourrait être une stratégie simple, accessible et efficace pour ralentir le vieillissement cérébral, y compris chez les personnes à risque génétique.
Ce que nous pouvons faire pour notre santé
- Réduire le temps assis, même si l’on fait de l’exercice : intégrer des pauses debout régulières, marcher 5 minutes toutes les heures.
- Surveiller la sédentarité, en plus de l’activité physique : utiliser des outils comme une montre connectée ou un actimètre personnel.
- Mettre en place des environnements proactifs : mobilier ajustable (bureau debout), pauses actives au travail ou à domicile.
- Ciblage chez les porteurs d’APOE‑ε4 : ces personnes devraient prioritairement limiter le temps assis pour protéger leur cerveau.
Conclusion
Le comportement sédentaire est un facteur indépendant de neurodégénérescence et de déclin cognitif, même en présence d’un niveau élevé d’activité physique. Réduire la durée quotidienne passée assis apparaît comme une stratégie simple et efficace pour préserver le cerveau et la cognition avec l’âge.
Source
Gogniat, M. A., Khan, O. A., Li, J., et al. (2025). Increased sedentary behavior is associated with neurodegeneration and worse cognition in older adults over a 7‑year period despite high levels of physical activity. Alzheimer’s & Dementia, 21(5), e70157. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/40357887/