Prédire la résistance aux chimiothérapies grace à des signatures génétiques

Dessin au fusain minimaliste représentant la résistance aux traitements de chimiothérapie chez les patients atteints de cancer

En bref

Une étude a identifié des profils d’instabilité chromosomique capables de prédire la résistance à plusieurs chimiothérapies dans différents cancers, ouvrant la voie à des traitements plus personnalisés et potentiellement plus efficaces.

Introduction

La chimiothérapie reste l’un des piliers du traitement du cancer. Pourtant, tous les patients ne répondent pas de la même manière aux médicaments, ce qui entraîne parfois des traitements inutiles et des effets secondaires lourds. Comprendre à l’avance qui bénéficiera réellement d’une chimiothérapie et qui risque d’y être résistant constitue un enjeu majeur pour améliorer la survie et la qualité de vie des patients. Une équipe internationale de chercheurs vient de franchir une étape importante en identifiant des signatures précises d’instabilité chromosomique dans les cellules cancéreuses, capables de prédire la résistance à plusieurs familles de médicaments.

Protocole de l’étude

Les chercheurs ont exploité de vastes ensembles de données génomiques et cliniques provenant de patients atteints de cancers de l’ovaire, du sein métastatique et de la prostate. Leur objectif était de détecter des signatures spécifiques d’instabilité chromosomique (CIN), c’est-à-dire des anomalies dans le nombre ou la structure des chromosomes qui témoignent d’un dérèglement majeur du fonctionnement cellulaire.

Une fois ces profils établis, l’équipe a évalué leur capacité à prédire la résistance à différents agents de chimiothérapie, notamment les composés à base de platine, les taxanes et les anthracyclines. Pour valider ces observations dans des conditions proches de la pratique réelle, les scientifiques ont utilisé une approche innovante appelée « essai clinique randomisé simulé ». Cette méthode reproduit la structure d’un essai clinique traditionnel, mais à partir de données réelles issues du suivi médical de 840 patients, permettant ainsi de tester la pertinence des signatures CIN dans divers contextes thérapeutiques.

Résultats de l’étude

Les analyses ont révélé que certaines signatures d’instabilité chromosomique étaient fortement liées à un risque accru d’échec de la chimiothérapie. Dans le cancer de l’ovaire, un profil CIN défavorable était associé à une probabilité plus de sept fois supérieure de résistance aux taxanes. Dans le cancer du sein métastatique, ce type de signature annonçait une résistance importante aux anthracyclines, avec un risque multiplié par six. Dans le cancer de la prostate, la présence de ces marqueurs était liée à un risque quadruplé d’échec face aux taxanes.

Ces résultats indiquent que l’instabilité chromosomique pourrait constituer un biomarqueur transversal, valable pour plusieurs types de tumeurs et différentes classes de médicaments. Cela ouvre la possibilité d’identifier à l’avance les patients les moins susceptibles de répondre à certains traitements, pour leur proposer plus rapidement des alternatives thérapeutiques adaptées.

Conclusion

L’identification de signatures génétiques prédictives de résistance à la chimiothérapie représente une avancée majeure vers des soins plus personnalisés en oncologie. En affinant le choix des traitements selon le profil génétique de la tumeur, il sera possible d’améliorer la qualité de vie et, potentiellement, l’espérance de vie des patients atteints de cancer.

Source

Thompson, J.S., Madrid, L., Hernando, B. et al. Predicting resistance to chemotherapy using chromosomal instability signatures. Nat Genet 57, 1708–1717 (2025). https://doi.org/10.1038/s41588-025-02233-y

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