En bref
Une étude parue dans Nature Communications en 2025 révèle que les températures élevées augmentent significativement la probabilité de souffrir d’apnée obstructive du sommeil (OSA). En 2023, cette aggravation liée au réchauffement climatique aurait coûté plus de 98 milliards de dollars à l’échelle mondiale, en impactant la santé publique et la productivité. Des projections indiquent un doublement de cette charge d’ici 2100 si les températures continuent de grimper.
L’apnée du sommeil, une menace exacerbée par la chaleur
L’apnée obstructive du sommeil est un trouble fréquent qui touche près d’un milliard d’adultes dans le monde. Elle se caractérise par des interruptions répétées de la respiration durant le sommeil, altérant sa qualité et exposant les patients à des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, de somnolence diurne ou encore d’accidents de la route. Si l’influence de la température ambiante sur le sommeil était connue, ses effets précis sur la sévérité de l’OSA restaient mal documentés jusqu’à cette étude.
Une vaste analyse internationale : des résultats sans appel
L’étude repose sur l’analyse de plus de 62 millions de nuits enregistrées chez 116 620 utilisateurs d’un capteur de sommeil validé par la FDA. En croisant ces données avec les températures quotidiennes de chaque zone géographique, les chercheurs ont mis en évidence une relation dose-effet entre chaleur et aggravation de l’apnée :
- Une température élevée (27,3 °C) augmente de 45 % le risque de faire de l’apnée du sommeil la nuit suivante par rapport à une température plus basse (6,4 °C).
- Le risque de forme sévère augmente de 49 %.
- L’effet est plus marqué chez les hommes, les personnes en surpoids, et dans les pays à faible PIB par habitant.
En 2023, le surcroît de prévalence de l’OSA imputable au réchauffement aurait entraîné :
- Une perte de 788 198 années de vie en bonne santé (DALYs) dans 29 pays,
- 105 millions de jours de productivité perdus,
- Un coût économique estimé à 98 milliards de dollars (68 pour la santé, 30 pour le travail).
Des projections préoccupantes pour 2100
En modélisant plusieurs scénarios climatiques (SSP126 à SSP585), les chercheurs estiment que si le réchauffement atteint ou dépasse +1,8 °C par rapport à l’ère préindustrielle :
- La charge de l’OSA pourrait doubler d’ici 2100.
- Le coût économique cumulé atteindrait jusqu’à 2 800 milliards de dollars.
- La perte cumulée de qualité de vie serait supérieure à 47 millions d’années (DALYs).
L’effet aggravant de la chaleur s’ajouterait aux projections de hausse de la prévalence de l’OSA liée à l’augmentation de l’obésité.
Que pouvons-nous faire dès aujourd’hui ?
Sur le plan individuel :
- Dormir dans un environnement frais : utiliser la climatisation ou des ventilateurs, fermer les volets en journée, privilégier des matières respirantes pour les draps et les vêtements de nuit.
- Prévenir ou traiter l’OSA : consulter un professionnel du sommeil en cas de symptômes (ronflements, fatigue diurne…), et suivre scrupuleusement le traitement prescrit (PPC, hygiène de vie…).
- Maintenir un poids de forme : l’obésité est un facteur aggravant de l’OSA.
Sur le plan collectif :
- Limiter le réchauffement climatique : réduire les émissions de gaz à effet de serre reste une priorité majeure pour contenir les effets sur la santé publique.
- Investir dans l’adaptation : développer des politiques de logement thermiquement efficaces, accessibles aux populations vulnérables.
Conclusion
Cette étude établit une corrélation claire entre le réchauffement climatique et l’aggravation de l’apnée du sommeil. Au-delà de ses implications individuelles, ce lien met en lumière un enjeu majeur de santé publique et économique. La prévention de l’OSA passe donc aussi par la lutte contre le changement climatique.
Source
Lechat, B., Manners, J., Pinilla, L., et al. (2025). Global warming may increase the burden of obstructive sleep apnea. Nature Communications, 16, 5100. https://doi.org/10.1038/s41467-025-60218-1