En bref
Les personnes dites “SuperAgers” conservent une mémoire comparable à celle des gens de 20 à 30 ans de moins à plus de 80 ans. Leurs cerveaux présentent des caractéristiques biologiques rares — volumes corticals préservés, neuronnes spécifiques et faibles marqueurs d’Alzheimer.
Introduction
Le déclin cognitif est souvent considéré comme une conséquence inévitable du vieillissement. Pourtant, certains individus, appelés “SuperAgers”, défient cette représentation : à plus de 80 ans, leur mémoire reste aussi performante que celle de personnes bien plus jeunes. Cette étude rassemble 25 ans d’investigation sur ces profils exceptionnels afin d’identifier des mécanismes biologiques susceptibles d’inspirer de nouvelles voies de prévention de la démence.
Protocole de l’étude
Le programme SuperAging, lancé par la Northwestern Alzheimer’s Disease Research Center, a suivi pendant 25 ans des participants âgés de 80 ans et plus affichant une performance en mémoire équivalente à des individus de 20 à 30 ans de moins. Parmi les plus de 200 participants, 77 ont fait don de leur cerveau. Les chercheurs ont comparé leurs structures cérébrales (imagerie, anatomie), leurs cellules (type et densité neuronales) et les marqueurs pathologiques (plaques amyloïdes, dégénérescence neurofibrillaire, inflammation microgliale) avec ceux de pairs du même âge ainsi que de jeunes adultes.
Résultats de l’étude
Les résultats révèlent que les SuperAgers présentent une multitude de caractéristiques distinctives :
- Des volumes corticals similaires à ceux d’adultes de 50–60 ans et un cortex cingulaire antérieur plus épais que chez des individus encore jeunes.
- Une densité élevée de neurones von Economo et de neurones entorhinales volumineux, associés à la mémoire et au comportement social.
- Une accumulation réduite des marqueurs typiques de la maladie d’Alzheimer (plaques et enchevêtrements), une innervation cholinergique bien préservée, et moins de microglie inflammée dans la substance blanche.
Ces éléments indiquent une résistance (absence de pathologie) ou une résilience (présence possible de pathologie sans impact sur la cognition).
Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude
Cette recherche met en lumière le potentiel d’un vieillissement cérébral exceptionnel, « intact ». Bien que les facteurs causaux restent à déterminer, les caractéristiques identifiées — réseau social, santé neuronale, modulation de l’inflammation — suggèrent des pistes pour préserver la mémoire. Des interventions ciblant la neuroprotection (activités cognitives, sociales, engagement, régime anti-inflammatoire) pourraient contribuer à prolonger la fonctionnalité cognitive et retarder la détérioration typique du vieillissement.
Conclusion
Les SuperAgers démontrent que la mémoire exceptionnelle au-delà de 80 ans est possible. Leur profil neurobiologique unique, alliant structure préservée et faible inflammation, offre des clés pour mieux comprendre la longévité cognitive et inspirer des stratégies préventives contre la démence.
Source
Weintraub, S., Gefen, T., Geula, C., & Mesulam, M.-M. (2025). The first 25 years of the Northwestern University SuperAging Program. Alzheimer’s & Dementia, 21(8), e70312. https://doi.org/10.1002/alz.70312