Une nouvelle thérapie cellulaire personnalisée contre la maladie cœliaque

Dessin au fusain représentant un épi de blé, un pain et un biscuit, symbolisant les sources courantes de gluten dans l’alimentation

En bref

Des chercheurs ont réussi à modifier des cellules immunitaires humaines pour qu’elles reconnaissent le gluten et empêchent le corps de réagir contre lui. Injectées à des souris atteintes d’une forme équivalente de la maladie cœliaque, ces cellules ont calmé la réponse inflammatoire et rétabli une tolérance au gluten. Ce résultat ouvre la voie à une thérapie ciblée qui pourrait, à terme, remplacer le régime sans gluten.

Introduction

La maladie cœliaque impose un régime sans gluten à vie pour éviter les lésions intestinales et les symptômes inflammatoires. Cette étude de Science Translational Medicine explore une nouvelle stratégie : utiliser des cellules T régulatrices génétiquement modifiées pour restaurer la tolérance au gluten grâce à une sélection ultra-précise de leur récepteur antigénique.

L’étude

Les chercheurs ont voulu créer une thérapie cellulaire très ciblée pour calmer l’inflammation liée à la maladie cœliaque. Pour cela, ils ont utilisé des cellules T régulatrices humaines (ou Tregs), qui sont des cellules du système immunitaire dont le rôle est de freiner les réactions excessives de l’organisme. Voici comment ils ont procédé, étape par étape :

1. Modification des cellules pour qu’elles reconnaissent le gluten

Les Tregs d’origine sont “génériques”, c’est-à-dire qu’elles ne reconnaissent pas forcément le gluten. Les chercheurs ont donc utilisé une technique de biologie moléculaire appelée édition de précision pour remplacer leur récepteur naturel (le TCR) par un récepteur spécifique d’un fragment de gluten.

Ainsi, les Tregs modifiées (appelées eTregs) deviennent capables de cibler spécifiquement les cellules immunitaires qui réagissent au gluten chez les patients atteints de maladie cœliaque.

2. Test sur des souris porteuses du gène HLA-DQ2.5

Pour vérifier si ces eTregs pouvaient vraiment bloquer l’inflammation, les chercheurs ont utilisé des souris modifiées génétiquement pour reproduire la maladie cœliaque humaine (elles expriment le gène HLA-DQ2.5, présent chez 90 % des patients cœliaques).

Ils leur ont administré du gluten pour déclencher une réaction immunitaire typique.

3. Injection des eTregs et suivi de la réaction

Les souris ont ensuite reçu les eTregs spécifiques au gluten. Les scientifiques ont observé plusieurs effets très clairs :

  • Les eTregs migrent vers les zones concernées par l’inflammation (intestin grêle, ganglions, plaques de Peyer).
  • Elles empêchent la prolifération des cellules immunitaires pro-inflammatoires, celles qui attaquent la muqueuse intestinale en réponse au gluten.
  • Elles calment aussi d’autres cellules immunitaires voisines, même si ces dernières sont dirigées contre un autre fragment de gluten. C’est ce qu’on appelle un effet de suppression par proximité.

En résumé, les cellules modifiées désactivent sélectivement la réponse immunitaire contre le gluten, sans toucher au reste du système immunitaire. Cela montre qu’une thérapie cellulaire ciblée peut, en théorie, restaurer une tolérance au gluten chez les personnes cœliaques, sans avoir besoin d’un régime strict.

Conclusion

Cette recherche démontre qu’il est possible de concevoir des cellules immunitaires capables de neutraliser la réponse pathologique au gluten. En restaurant la tolérance immunitaire, les eTregs modifiées offrent une alternative prometteuse et spécifique au régime sans gluten, et pourraient représenter une avancée majeure pour la prise en charge des maladies auto-immunes.


Source

Porret, R., Alcaraz-Serna, A., Peter, B., Bernier-Latmani, J., Cecchin, R., et al. (2025). T cell receptor precision editing of regulatory T cells for celiac diseaseScience Translational Medicine, 17(790), eadr8941. https://doi.org/10.1126/scitranslmed.adr8941

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