En bref
Une étude de cohorte menée sur 11 ans auprès d’adultes âgés a mis en évidence un lien entre la fluctuation du poids corporel (le fait de prendre et perdre du poids de manière répétée) et un déclin cognitif accéléré. De plus, une augmentation de la masse grasse et une diminution de la masse musculaire (maigre) sont associées à une réduction plus rapide des capacités cognitives. Le maintien de la stabilité du poids et de la masse musculaire apparait comme un facteur protecteur pour la santé du cerveau.
Introduction
Le maintien d’une bonne santé cognitive est un pilier de la longévité en bonne santé. Alors que l’obésité et le surpoids sont déjà reconnus comme des facteurs de risque pour de nombreuses maladies, cette recherche examine un aspect moins exploré : la stabilité corporelle. L’étude s’est concentrée non seulement sur le poids en tant que tel, mais aussi sur les variations de poids au fil du temps et sur les changements dans la composition corporelle (la répartition entre la graisse et le muscle). Comprendre ces dynamiques est essentiel pour identifier des stratégies pratiques visant à préserver l’acuité mentale au cours du vieillissement.
Protocole de l’étude : variabilité corporelle et trajectoires cognitives
Cette recherche repose sur une étude de cohorte prospective menée auprès d’adultes âgés aux États-Unis, s’étendant sur une période de 11 ans. L’objectif était d’analyser la manière dont les changements physiques se traduisent par des changements dans les fonctions cérébrales.
- Participants : L’étude a inclus un grand échantillon d’adultes âgés (issus de la Health and Retirement Study). Tous les participants ont été suivis sur une décennie, sans signe initial de déclin cognitif avancé.
- Mesures corporelles : Les chercheurs ont recueilli des données sur la variabilité du poids corporel (fluctuations répétées de poids) et sur la composition corporelle (pourcentage de masse grasse et de masse maigre/musculaire), obtenues par des méthodes régulières, potentiellement incluant la densitométrie (DXA).
- Évaluation cognitive : Les fonctions cognitives des participants (mémoire, vitesse de traitement de l’information, et autres fonctions exécutives) ont été évaluées de manière répétée à intervalles réguliers. Ces données ont permis d’établir des trajectoires cognitives individualisées, montrant la vitesse et l’ampleur du déclin au fil du temps pour chaque participant.
- Analyse statistique : L’analyse a cherché à établir si la variabilité du poids et les changements dans la masse grasse ou la masse maigre étaient associés de manière significative à une accélération ou un ralentissement de ces trajectoires de déclin cognitif.
Résultat de l’étude : la stabilité protège le cerveau
Les résultats de cette étude de cohorte établissent un lien direct entre une instabilité de la composition corporelle et une détérioration plus rapide des fonctions cognitives chez les personnes âgées.
- La variabilité du poids est préjudiciable : La fluctuation répétée du poids corporel au cours des années d’étude a été significativement associée à un déclin cognitif plus rapide. Cela suggère que les cycles de gain et de perte de poids (l’effet yoyo) pourraient exercer un stress sur le système physiologique et neurologique.
- L’augmentation de la masse grasse nuit : Une augmentation globale de la masse grasse sur la période d’étude était également associée à un taux de déclin cognitif accéléré. Ce résultat confirme l’hypothèse selon laquelle l’excès de graisse corporelle, potentiellement source d’inflammation chronique, a un impact négatif sur la santé cérébrale.
- La perte musculaire est un facteur de risque : Une diminution de la masse maigre (masse musculaire) a été corrélée à un déclin cognitif plus rapide. La masse musculaire joue un rôle métabolique important, et sa perte (sarcopénie) semble être un indicateur ou un contributeur de la vulnérabilité cérébrale liée à l’âge.
- Stabilité et maintien musculaire : En comparaison, les participants ayant réussi à maintenir un poids corporel stable et une bonne proportion de masse maigre ont affiché les meilleures trajectoires cognitives.
Ce que nous pouvons faire pour notre santé selon cette étude
Les résultats de cette étude soulignent que la gestion du poids pour la santé cérébrale ne se limite pas à éviter l’obésité, mais implique surtout la recherche de la stabilité et le maintien de la masse musculaire (masse maigre), éléments cruciaux pour la longévité et l’autonomie.
- Prioriser la stabilité du poids : Pour préserver la santé cognitive, il est essentiel d’éviter les régimes extrêmes ou les comportements qui entraînent des cycles répétés de gain et de perte de poids. L’objectif doit être un maintien de poids sur le long terme par des habitudes alimentaires durables, plutôt que des changements drastiques et temporaires.
- Lutter contre la sarcopénie : Étant donné le lien entre la perte de masse maigre et le déclin cognitif, l’intégration de l’exercice physique régulier, en particulier les exercices de résistance (musculation, poids du corps), est primordiale pour maintenir la masse musculaire et par extension, pour soutenir la santé du cerveau.
- Vérifier la composition corporelle : Il est important de se concentrer sur la composition corporelle plus que sur le simple chiffre de la balance. Les stratégies de santé devraient viser à minimiser la prise de masse grasse tout en maximisant ou maintenant la masse musculaire.
Conclusion
Cette étude de cohorte apporte un éclairage crucial sur les facteurs modifiables influençant la santé cérébrale des personnes âgées. Elle démontre que les fluctuations de poids et les changements défavorables de la composition corporelle (plus de graisse, moins de muscle) sont associés à une accélération du déclin cognitif. En privilégiant la stabilité pondérale, en adoptant une alimentation équilibrée et en maintenant une activité physique régulière axée sur le renforcement musculaire, chacun peut prendre des mesures concrètes et précises pour optimiser sa santé cognitive et préserver son autonomie sur le long terme.
Source
Flores, A. C., Wennberg, A. M., Leung, C. W., & Na, M. (2025). Variability in body weight and body composition and cognitive trajectories in older adults in the United States. Obesity (Silver Spring). https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/oby.24309